Dans cet article, l’objectif sera de vous aider à y voir plus clair.
Je suis sûr que vous vous êtes déjà retrouvé, peu importe votre niveau en sonorisation, scotchés devant une photo du dernier design de Subwoofer d’une grande marque, persuadé que ça sonne aussi bien que ça présente.
On vous présente une belle fiche technique, pleine de données et de petites lignes aussi trompeuses qu’une lycéenne en rut. Et vous ne savez pas quoi regarder ?
Sound Agency est là pour vous aider !
Comme d’habitude, n’hésitez pas à cliquer sur les mots soulignés, ils vous apporteront plein de définitions utiles.
Pour commencer, il faudra partir du fait que les spécifications d’une enceinte gravitent autour de 3 paramètres :
-Le volume (la taille de l’enceinte)
-La sensibilité (et donc directement le nombre de décibels de l’enceinte)
-La descente (la capacité de l’enceinte à reproduire des notes graves)
On sera donc contraints par les lois de la physique :
-Une enceinte très grosse pourra produire beaucoup de décibels et jouer des notes graves
-Une enceinte compacte qui produit beaucoup de décibels sera limitée dans le grave
-Une enceinte compacte qui joue des notes grave sera limitée en terme de décibels

Et ce triangle, personne n’y échappe : Moi, Void Acoustics, Nexo, D&B, Adamson ou encore L-Acoustics, somme tous régis et bridés par ces 3 paramètres.
Il existe un seul artifice qui permet de compenser un de ces paramètres : La puissance !
En effet, le nombre de décibels total (ou SPL) émis par une enceinte est la somme de deux paramètres : La sensibilité et la puissance du haut-parleur.
On pourra donc se permettre de faire l’impasse sur la sensibilité (et donc favoriser la compacité ou la descente) si on dispose d’un haut-parleur suffisamment puissant pour compenser ce sacrifice, et tout ce qui en découle (Amplification plus gourmande et onéreuse, consommation électrique supérieure…)
Pour illustrer mes propos, je prendrais l’un des caissons de basse les plus répandus aujourd’hui : Le KS28 de chez L-Acoustics.
Un design relativement compact (531L) disposant de deux haut-parleurs 18″ pouvant encaisser 1000W avec une descente annoncée plutôt basse : 25Hz à -10dB.
Histoire de compromis, forcément : C’est compact, ça descend donc le nombre de décibels est en retrait : 131dB SPL pour ce design, ce qui est relativement faible.
Quoi ? 131dB ? Vous lisez 143dB, vous ?
Et bien, si on lit le petit 1 (la petite ligne), ce SPL est donné avec le preset et un bruit rose d’ordre 4… un fort encrêtage qui rajoute “gratuitement” 12dB au SPL réel de la boite… Pratique non, pour annoncer de beaux chiffres ?


Autre exemple, un peu trompeur cette fois : le BC415 de chez Danley.
Un Tapped Horn aux dimensions discutables de plus de 1500L et 230kg (Oui, faut être pas net pour acheter ce genre de trucs) qui lui permet d’atteindre des performances hors du commun : 143dB SPL avec un impressionnant 28Hz à -10dB : C’est 16 fois plus de niveau qu’un KS28 !
Cependant, malgré ces chiffres flatteurs et plausibles, restez sur vos gardes et regardez la sensibilité : 114dB à 2,83V/1m !
C’est énorme, beaucoup trop pour être réaliste avec les haut-parleurs et contraintes physiques actuelles… On se doute qu’il y a frites sous tacos.
Et pour cause, 2,83V correspondent à 1W sous 8 ohms et ce caisson est en 2×2 ohms, donc ils donnent une sensibilité à 8W/1m… Ces 8W de trop qui viennent rajouter “gratuitement” 9dB à la sensibilité (qui sera en réalité de 105dB à 1W/1m, si ils ne trichaient pas…) à chacun sa méthode !
Même un très bon subwoofer volumineux (Type Compound, notamment) ne dépassera que très rarement les 106dB de sensibilité moyenne, au delà de ces valeurs, méfiez-vous !

Un autre paramètre à prendre en compte lorsqu’on regarde les paramètres d’un design est la bande-passante : Plus un design joue sur une bande-passante large, plus il sera polyvalent, et ce même si vous le coupez plus tôt.
Un Subwoofer qui va jouer sur une bande-passante de 40-200Hz sera plus polyvalent et plus nerveux qu’un Subwoofer équivalent qui jouera sur 40-80Hz, même si vous les filtrez de façon identique.
On considère qu’on peut entendre une différence ou une coloration jusqu’à 2x la fréquence de coupure qu’on impose électriquement (Par exemple, si on coupe à 80Hz, potentiellement jusqu’à 160Hz ! D’où l’importance de toujours regarder la réponse et la phase d’une boite même au delà de la plage sur laquelle on vient la filtrer).
Pour illustrer mes propos cette fois, je citerais un design iconique : Le célèbre Super Scooper 18 qu’on retrouve dans bien des Sound Systems de Dub.
Les personnes qui l’ont entendues témoignent toutes sans exception du coté très “baveux” et du manque de dynamique de ce design, et pour cause : passés 75Hz on a une grosse ascendance qui vient colorer le son, puis un court-circuit acoustique passé 90Hz, rendant la boite inutilisable au delà de cette fréquence (Et c’est bien dommage, c’est entre 90 et 200Hz que se trouve tout le Punch du kick)
L’utilisation d’un kick-bin avec de genre de boite est obligatoire.
A l’opposé, je prendrais le SACH118-KP, un subwoofer Compound conçu par mes soins.
Ce Subwoofer est lui très dynamique, passe partout, avec beaucoup d’impact et c’est directement lié à sa bande-passante très large : Ce design s’utilise sans problème jusqu’à 160Hz sans la moindre coloration et peut même se passer de kick-bin, lui conférant une polyvalence à toute épreuve.


Et le processing dans tout ça ? On en a toujours pas parlé !
Ce n’est pas toujours l’ennemi public numéro 1 : Bien pensé, sur des designs avec de bonnes marges de puissance et de Xmax il permet des performances redoutables dans des volumes restreints, mais il sert aussi bien souvent à “sauver les meubles” dans le cas de designs qui ne peuvent tenir leurs promesses, ou tout simplement à enjoliver les fiches techniques, dans lesquelles on “omet” parfois de le mentionner (volontairement ou non, voir mon article sur le sujet) .
Mais il induit forcément des rotations de phase et du Group Delay en contrepartie, qui peuvent être dérangeants à l’écoute.
Pour conclure et pour résumer, un bon design est toujours une histoire de compromis qui sera propre à ses utilisateurs :
Le caisson miracle n’existe pas, il est propre à chacun et à l’usage que vous comptez en faire.
Si vous faites de la techno ou de l’électro, privilegiez les larges bandes passantes et visez un solide 40Hz, si vous faites du Dub, venir chercher un 36/37Hz donnera un peu de confort sur les morceaux plus exigeants, et pour les amoureux de Bass Music (Stepper, Dubstep, Drum&Bass et j’en passe) venir gratter les 30Hz permettra à la sono d’exprimer son plein potentiel.
Evitez quand même généralement les designs avec des bandes-passantes vraiment trop courtes (moins d’une octave) ou des performances trop au rabais : C’est souvent signe d’une piètre conception en amont, et vous y perdrez bien souvent du temps et de l’argent.
L’important étant de rester réaliste dans ses demandes et ses compromis : il est impossible d’avoir 25Hz de descente avec 108dB de sensibilité dans 500L et si quelqu’un vous les vend, soit c’est le Christ Cosmique (et il a révolutionné l’électro-acoustique), soit il vous arnaque à grands coups de processing et de chiffres.
N’hésitez pas à poser des questions, à envoyer des mails au concepteur ou à la marque : Si ils sont honnêtes et transparents, ils vous répondront et affirmeront ou balaieront vos doutes.
Et si une conception Sound Agency vous intéresse, n’hésitez pas à demander un devis via la page d’accueil 😉